Il y a six ans, lors de sa première rentrée littéraire, Ernest tombait en pâmoison devant le premier roman d’un nouvel auteur : Jean-Baptiste Andrea et en faisait l’une de ses découvertes. Cela s’appelait “Ma reine”, et portait déjà en lui toutes les qualités de l’auteur : sens romanesque, profondeur, simplicité de l’écriture pour dire la complexité, et plus largement une façon nouvelle d’interroger la jeunesse, l’adolescence et les tourments. Depuis six ans, Andrea a poursuivit son sillon. “Des diables et des saints”, un autre de ses romans fut également très beau et très fort. Il revient en cette rentrée avec “Veiller sur elle”, roman magistral, puissant, intense et rempli d’un souffle romanesque dingue. Il raconte l’histoire d’amour impossible entre Viola Orsini, la fille d’une famille d’aristocrate et Mimo, né pauvre et nain mais doté d’un talent pour sculpter.
.
.
A travers le destin de ces deux personnages que tout attire et qu’en même temps tout éloigne, Andrea raconte le rapport à la beauté et à l’art, il dit ce que sont les rencontres, la folie, et aussi ce que veut dire le fait d’être artiste. Il interroge aussi le rapport entre les pouvoirs et les artistes. Viola et Mimo en s’aimant et en se perdant traversent la moitié du XXè siècle dans l’Italie de la montée du fascisme et de l’après-guerre. Amis, ennemis, amants impossibles, Viola et Mimo sont des personnages qui se gravent dans l’esprit du lecteur pour ne pas en sortir. Mené par une trame puissante, où les maîtres de la sculpture italienne sont en toile de fond et dans lequel la vie tumultueuse de Mimo et Viola passionnée et dédiée à l’art constitue un talisman, le roman se lit avec gourmandise et avidité. Le lecteur s’interroge : faut-il continuer cette lecture avide ou la savourer ? Il ne sait pas, il ne sait plus, il est ferré et plongé dans ce roman vertigineux. Andrea franchit encore un cap dans son art.
.